I. DES FORMES ARTISTIQUES NOVATRICES
La Renaissance française correspond à un renouvellement de l'art français, sous l’influence de l'antiquité gréco-romaine et de la Renaissance italienne.
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La Porte Dorée (1531) :
l'architecture française renouvelée
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La porte Dorée est une porte monumentale qui permet d'accéder à la cour Ovale, cour d'honneur au Moyen âge comme au XVIe siècle. Son époque de construction est identifiable notamment grâce au chiffre du commanditaire, François Ier, sur plusieurs chapiteaux, ainsi qu’à la date visible sur l’un d’entre eux, 1528. Cette première réalisation utilise la syntaxe et le vocabulaire de l’architecture de la Renaissance reprenant les codes de l’antiquité et le goût italien :
symétrie passant par un axe vertical ;
pilastres d’ordre pseudo-corinthien qui rythment la façade et encadrent les baies ;
loggias superposées au-dessus du porche. Celle du premier étage a été fermée en 1641.
frontons triangulaires – parmi les premiers de ce type en France.
Toutefois, ce bâtiment réalisé avant le plein épanouissement de la Renaissance française garde une silhouette générale d’aspect médiéval :
le toit en pavillon, de tradition gothique ;
la forme et la fonction du bâtiment reprenant celles du châtelet médiéval ;
par ailleurs, le grès soulignant les verticales et horizontales contribue à l'aspect austère de cette porte en dépit des dorures qui mettent en valeur les éléments décoratifs.
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L'aile dite de la Belle Cheminée (1565-1570) :
la pleine maîtrise du nouveau style architectural
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lL'aile a été construite entre 1565 et 1570 sur les dessins de Primatice et sous l'ordre de Catherine de Médicis.
Elle est marquée par deux escaliers à rampes divergentes. Elle présente en outre un remarquable équilibre en utilisant uniquement le vocabulaire architectural de la Renaissance (bossages au rez-de-chaussée, pilastres toscans, niches). A la différence des constructions de François Ier, cette façade est entièrement traitée en pierre de taille de Saint-Leu, ce qui lui confère un aspect plus homogène (cf.Porte Dorée). Les niches présentent des statues de bronze, à l’origine copies d’antiques réalisées par Primatice, à partir des moulages faits à Rome (celles ici présentées sont des années 1930). Il s’agit de dieux et de héros de la mythologie gréco-romaine.
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La galerie François Ier (1533-1539) :
un décor « novateur »
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Les « F » et les salamandres rappellent que cette galerie fut édifiée sous François Ier. Elle menait de la chambre du roi à la chapelle de la Trinité. Elle constitue une innovation majeure dans l'histoire de l'art : pour la première fois un décor est composé de fresques associées au stuc en haut relief, au-dessus d'un lambris de bois sculpté. Ce système décoratif est décliné des deux côtés de la galerie sur sept travées. Le type d’ornements utilisé est popularisé dès sa création par des estampes et diffusé dans toute l'Europe.
Sous François Ier la lumière pénétrait par les deux longs côtés mais au XVIIIème siècle, le bâtiment fut doublé côté nord pour créer de nouveaux appartements. Les anciennes fenêtres furent donc occultées.
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Le maniérisme bellifontain à travers La Jeunesse Perdue, galerie François Ier.
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La Jeunesse Perdue est exemplaire du maniérisme bellifontain par les formes ondoyantes de certaines figures, la citation à la culture antique ou par le contraste des physionomies de certains personnages (grâce et jeunesse pour les uns, vieillesse traitée sans concession pour les autres).
Les motifs de l’encadrement participent pleinement à cette esthétique maniériste. Pour la première fois sont utilisés des enroulements de stuc évoquant des « cuirs retournés », ornements repris ensuite dans de nombreux décors. Les estampes de cette époque, qui contribuèrent fortement à la popularité de Fontainebleau, s'attachèrent d'ailleurs plus à reproduire les encadrements de stuc et leurs ornements que les fresques.
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La salle de Bal (1545-47 pour l’architecture et reprise par Philibert Delorme en 1548, 1552-1556 pour les décors)
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Henri II a modifié le projet de François Ier. D'une loggia initialement prévue, il en fait une salle de bal.
Le projet originel est perceptible par la présence de grandes baies en plein-cintre et par les lourdes consoles qui devaient soutenir une voûte sur doubleaux. Les « H » et les croissants de lune, chiffres et emblèmes d’Henri II, attestent la transformation du projet initial.
A la différence de la galerie François Ier, les fresques imaginées par Primatice et réalisées par Nicolo dell'Abate et son équipe ne sont plus contenues dans des cadres mais courent librement en une frise continue débordant même sur l'encadrement des fenêtres. Les thèmes sont liés aux plaisirs de la chasse, des festins, de la danse, et à la mythologie (par exemple Apollon et les muses, les noces de Thétis et Pelée avec la fameuse pomme à l'origine de la guerre de Troie ...).
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la grotte des Pins (1543) :
une reprise du modèle italien
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La grotte est logée au rez-de-chaussée d'un pavillon d'angle, à l'extrémité de la galerie d'Ulysse (aujourd'hui disparue et remplacée depuis le XVIIIe siècle par l'aile Louis XV). Elle donnait à l’origine sur un jardin planté de pins maritimes. Elle est directement inspirée du maniérisme italien.
La façade est constituée de géants emprisonnés dans la pierre. Ces Atlantes sont un chef-d'œuvre de la sculpture en « gresserie » : brutaux, massifs, d'une étonnante modernité, presque cubistes, ils semblent surgir de leur gangue en grès et dominer avec peine leur force primaire, quasi bestiale.
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