Création du musée
Depuis 1986, le château de Fontainebleau est également le siège du Musée Napoléon Ier, consacré à l’empereur et à sa famille. Dans une suite de neuf salles sont présentées des collections prestigieuses tant par leur qualité artistique que par leur importance historique. On y trouve des armes, des pièces d’orfèvrerie, d’habillement, des porcelaines, ayant appartenu aux divers membres de la famille impériale, ainsi que des bustes ou des peintures qui restituent leurs traits.
La décision de créer au château de Fontainebleau ce musée a été prise en 1979 au moment où le prince Napoléon et les autres descendants de Jérôme, dernier frère de Napoléon, ont conclu avec l’Etat français un arrangement portant don et cession d’une partie des collections de la famille impériale.
Un certain nombre des œuvres concernées étaient déjà, depuis 1968, mises en dépôt par le prince dans les musées de Bois-Préau (annexe de Malmaison) et de Compiègne. Il a paru préférable de les répartir entre les musées napoléoniens préexistants et le musée du château de Fontainebleau. Si Malmaison restait le musée du Consulat, de Joséphine et de ses enfants, Bois-Préau le musée de Sainte-Hélène, du Retour des Cendres et de la légende, Compiègne, le musée du Second Empire, Fontainebleau allait devenir le musée de Napoléon Ier empereur et de ses frères et soeurs souverains en Europe entre 1804 et 1815.
Le musée Napoléon Ier de Fontainebleau ne fait donc revivre ni l’épopée ni la légende. Il n’est pas davantage le musée de tout le Premier Empire. Il est axé sur l’Empereur et sa famille.
Programme muséographique
L’aile Louis XV dans laquelle est installé le Musée Napoléon Ier a été construite de 1738 à 1774 pour servir de logement aux nombreux membres de la cour. De 1803 à 1808 elle fut utilisée pour l’Ecole Spéciale Militaire (transférée en 1808 à Saint-Cyr). Son décor intérieur remonte à la campagne de travaux (1808-1810), qui permit l’aménagement, voulu par Napoléon, de nouveaux appartements destinés à la famille impériale.
Le parti muséographique choisi a été d’intégrer des objets et œuvres d’art relatifs à des personnages historiques dans un décor palatial. On a donc porté une attention toute spéciale au choix des tissus qui garnissent murs et sièges (tous les modèles ont figuré à Fontainebleau ou dans d’autres palais sous le Premier Empire).
Les collections sont réparties de manière thématique.
Corridor
Des tableaux et des bustes lui donnent l’aspect d’une galerie de famille.
Pour une lecture détaillée, allez dans la partie “arrêts sur images”, section II “une famille comblée par l’Empereur” (généalogie).
Salle I : Napoléon empereur et roi
Sacré empereur en 1804, Napoléon fut également couronné roi d’Italie en 1805. La cérémonie du sacre est connue grâce aux descriptions contemporaines ainsi que par les trente-neuf dessins du Livre du sacre (exposé au centre de la vitrine). Napoléon et Joséphine revêtirent à cette occasion plusieurs tenues. Les deux grands tableaux de Gérard les montrent dans leur grand habillement avec les insignes impériaux. Ce qui subsiste des habits et des insignes est exposé dans la vitrine : Du grand habillement de l’empereur il reste la tunique brodée, la ceinture et le modèle des chaussures. Du petit habillement (revêtu par Napoléon pour aller et revenir de Notre-Dame, devenu par la suite la tenue de cérémonie de l’empereur) il reste le manteau, l’habit de velours pourpre et la ceinture.
Les insignes impériaux sont visibles sur le portrait : le sceptre et l’anneau impérial, l’épée, la couronne de lauriers, le grand collier de la légion d’honneur, le globe et la main de justice. Ils furent détruits sous la Restauration, sauf l’épée (créée pour Bonaparte sous le Consulat, elle comportait à l’origine quarante-deux diamants, dont le fameux « Régent », de 136 carats, qui ont été remplacés par des copies en cristal en 1812). Tombée de la couronne au cours d’une séance de pose pour le peintre Isabey, une feuille de laurier en or a été montée sur une tabatière exposée dans la vitrine. En 1805, à l’occasion de son couronnement en Italie, Napoléon revêtit un habit de velours vert, sur un modèle identique à celui du petit habillement. Il portait la croix et la plaque de l’Ordre de la Couronne de Fer exposées ici également.
Salle II : Les fastes de la table impériale
Napoléon considérait le cérémonial comme indispensable à la manifestation de son pouvoir souverain. Monsieur de Ségur, nommé Grand maître des cérémonies dès 1804 fut chargé d’établir « L’Étiquette du Palais impérial » qui énumère les règles du protocole. Le titre V qui traite des « Repas de leurs Majestés » distingue trois situations : le grand couvert (en public), le petit couvert (avec un cercle restreint) et le service dans les appartements intérieurs.
Le tableau de Casanova représentant le banquet du mariage de Napoléon et de Marie-Louise aux Tuileries évoque pour nous ce que fut un grand couvert. On peut y distinguer en particulier plusieurs éléments du grand vermeil exécuté par l’orfèvre Henry Auguste et offert par la ville de Paris à l’occasion du sacre. Sur les mille pièces d’origine il n’en reste que 24 dont une partie est exposée dans les vitrines :
– les nefs de l’empereur et de l’impératrice servaient à ranger les serviettes entre des coussins de senteur. La nef de l’empereur est ornée à la poupe des figures de la Justice et de la Vérité et, à la proue, de celle de la Victoire ; sur le côté face aux visiteurs un bas-relief représentant la ville de Paris remettant le « grand vermeil » à Napoléon. La nef de l’impératrice est ornée à la poupe des figures des Trois Grâces et à la proue, de celle de la Bienfaisance ; sur le bas-relief du côté, l’impératrice faisant distribuer des secours aux malheureux ;
– en complément de ces nefs qui constituaient les pièces principales du décor de la table, les deux cadenas dans lesquels étaient rangées les épices ;
– d’autres pièces du grand vermeil sont réparties dans les trois vitrines du fond de la salle : pots à oille (ronds), terrines (ovales), seaux à bouteilles, verrières (pour mettre les verres à rafraîchir) et une aiguière et sa jatte.
D’autres services, de vermeil, d’argent étaient également utilisés. Des services en porcelaine créés par la Manufacture de Sèvres pour Napoléon, le plus important est le Service particulier de l’empereur dont dix-neuf des soixante-douze assiettes décorées de sujets « agréables » à l’empereur, sont visibles dans la vitrine de gauche (vues d’Egypte, de Syrie, de Paris et ses environs …). Le marli (bord) d’un vert nouveau « dont la découverte est due aux chimistes français » (Brongniart, administrateur de la manufacture) est orné d’une frise de glaives en or.
Un autre service en porcelaine de Sèvres est exposé dans une vitrine : le service « vues diverses » commencé pour Napoléon mais achevé seulement sous la Restauration.
Salle III : les cadeaux faits à l’empereur
Au cours de son règne Napoléon reçut de nombreux cadeaux diplomatiques. Le surtout de table offert par le roi Charles IV d’Espagne entre dans cette catégorie. Certaines pièces de ce surtout, assez éloigné du goût français, subirent des transformations et furent dispersées dans les palais impériaux sous formes de pendules ou candélabres. Trente et une sont présentées ici, sur les consoles et la cheminée : divers monuments en albâtre, pierres dures et bronze doré, le tout réalisé vers 1790 dans les ateliers royaux de Madrid (Buen Retiro). D’autres parties de ce surtout se retrouvent dans les Petits Appartements.
Certains cadeaux étaient des ventes déguisées, le donateur attendant une gratification. De ce nombre est la table dite de Venise, réalisée en pâtes de verre polychrome par un verrier vénitien du nom de Barbaria (au centre de la salle).
Salle IV : L’empereur en campagne
Entre 1804 et 1814 Napoléon passa trois ans et trois mois en campagne. Il y avait donc toute une organisation pour les déplacements et pour la vie sur les champs de bataille. Est reconstitué ici, partiellement, l’intérieur de la tente de l’empereur, telle qu’elle était dressée à son arrivée sur place d’après un modèle conservé au Mobilier National. En avant est évoqué ce que l’on appelait le « cabinet », avec un mobilier très simple, table et sièges pliants, flambeau, couvert démontable. Au fond, la chambre à coucher de l’empereur avec son lit en fer.
Dans la vitrine de droite sont présentés les nécessaires de voyage qui servaient à Napoléon pour faire sa toilette, travailler et prendre ses repas. La plupart de ces objets sont de l’orfèvre Biennais.
Dans la deuxième vitrine on reconnait la célèbre redingote et un des chapeaux en feutre noir que l’empereur portait avec ses uniformes. Le portefeuille, aux armes de Napoléon, servait à transporter le courrier et les papiers des diverses administrations pendant les séjours en campagne, maintenant ainsi des rapports constants avec Paris et le gouvernement de l’Empire.
Salle V : La vie quotidienne de l’empereur et armes de parades
Chaque jour Napoléon porte une tenue militaire, soit l’uniforme bleu de colonel des grenadiers à pied de la Garde soit l’uniforme vert des chasseurs à cheval (ils sont exposés en alternance dans la vitrine de droite). Son emploi du temps est bien réglé. Après la toilette du matin et l’entrée des familiers, il travaille généralement dans son bureau avec ses secrétaires. L’ensemble de la journée est d’ailleurs consacré au travail interrompu seulement par de courts moments accordés aux repas (5 minutes parfois), à la promenade, la chasse (voir ses fusils à côté d’une de ses épées de service et de quelques objets lui ayant appartenu dans la vitrine de gauche) ou le spectacle. Le dimanche est réservé à la représentation : messe, parade, audience diplomatique et audience générale.
Dans une autre vitrine, ce sont des objets qui appartenaient à Jérôme, roi de Westphalie : cuirasse, casque ou fontaine à thé ; à Joseph, roi d’Espagne : couteau de chasse, nécessaire à pistolet ; ou encore à Louis, le roi de Hollande. Enfin une dernière recèle le sabre, dit “sabre des Empereurs”, remis par l’empereur François d’Autriche au jeune général Bonaparte.
Salle VI : Marie-Louise
Après avoir divorcé de Joséphine qui ne lui donnait pas l’héritier nécessaire pour asseoir son régime, Napoléon épousa en 1810 Marie-Louise, fille de l’empereur François Ier d’Autriche (et petite-nièce de la reine Marie-Antoinette).
La nouvelle impératrice avait dix-huit ans. Un grand portrait, réplique d’un original de Gérard la représente en grand costume d’apparat. Divers souvenirs sont exposés qui donnent un aperçu sur la vie et les goûts de Marie-Louise : métier à broder, serre-bijoux, et dans la vitrine déjeuner en porcelaine de Sèvres dit « des peines et plaisirs de l’amour », tabatière, almanach relié à son chiffre…
D’autre part sur le mur de gauche une scène intime peinte par Menjaud révèle le goût que Marie-Louise avait pour les arts : elle est représentée faisant le portrait de son mari.
Salles VII, VIII et IX : Le roi de Rome
Napoléon-François-Charles, roi de Rome, naquit aux Tuileries le 20 mars 1811. L’événement qui comblait les espoirs de l’empereur fut salué par cent un coups de canon et les acclamations des Parisiens. L’enfant fut confié à la comtesse de Montesquiou nommée gouvernante des enfants de France. Dans la première pièce qui lui est consacrée un petit buste en plâtre le représente à l’âge de quelques mois. Au centre de la pièce, le berceau en orme par Thomire-Duterme, qui a figuré dans la chambre à coucher des Tuileries, reprend de nombreux éléments du célèbre berceau d’apparat offert par la ville de Paris à l’occasion de sa naissance (envoyé à Vienne en 1814). Sur la commode, provenant également de la chambre des Tuileries, est posé le baptistère en vermeil qui servit à l’ondoiement du petit prince.
On retrouve le roi de Rome agé d’environ un an et demi sur un portrait (salle VIII) par Gérard, (peut-être l’exemplaire envoyé par Marie-Louise à Napoléon en Russie et exposé devant sa tente à la veille de la bataille de la Moskowa). Dans la vitrine sont différents jouets et jeux éducatifs du roi de Rome : sabre, fusil, tambour, canon, puzzle, jeu de dominos. Enfin une méthode de lecture « le Quadrille des enfants » comportant un livre et deux boîtes de fiches.
Dans la salle IX sont exposés par roulement des éléments de la layette : chemises, brassières, dessus de berceau, habit en nankin. Comme le voulait la tradition, cette layette avait dû être donnée par la suite à la gouvernante, ce qui explique que la plupart des éléments en notre possession viennent des descendants de Madame de Montesquiou. Celle-ci est d’ailleurs représentée sur le tableau de Menjaud (en face de la vitrine) où l’on voit Napoléon, assis à sa table de déjeuner, tenant le roi de Rome dans ses bras, en présence de Marie-Louise, de Madame de Montesquiou, de la nourrice Madame Auchard.